La micro-entreprise, c’est vrai, a la réputation d’être simple. Pas besoin d’un capital, de statuts compliqués ou de formalités interminables ! Mais comme tout projet entrepreneurial, la création d’une micro-entreprise doit être bien mûrie. Vous devez vérifier que votre projet correspond bien au régime. Ensuite, il faut bien comprendre vos futures obligations, anticiper certains choix fiscaux ou administratifs afin d’éviter les erreurs qui pourraient vous coûter cher plus tard.
On vous propose donc dans ce guide une checklist de tout ce qu’il faut passer en revue pour bien préparer la création de sa micro-entreprise.
Êtes-vous éligible à la micro-entreprise ?
Avant de vous lancer dans la création de votre micro-entreprise, il est essentiel de vous assurer que vous remplissez bien les conditions requises. Rien de bien compliqué, mais certaines règles doivent être respectées, sous peine de voir votre demande rejetée.
Pour créer une micro-entreprise, vous devez :
- être une personne physique majeure ou mineure émancipée ;
- résider en France de manière stable ;
- avoir le droit d’exercer une activité indépendante, ce qui concerne principalement :
- les ressortissants de l’Union européenne ou de l’Espace économique européen (EEE) ;
- les étrangers hors UE titulaires d’un titre de séjour autorisant l’exercice d’une activité non salariée.
Bon à savoir ! Certains titres de séjour n’autorisent que des activités salariées. Il est donc indispensable de vérifier ce point en amont.
Ensuite, vous devez vous assurer que l’activité envisagée est compatible avec le régime de la micro-entreprise. En effet, il faut savoir que même si le statut d’auto-entrepreneur est très souple, certaines activités sont interdites. Il s’agit essentiellement :
- des activités agricoles relevant de la MSA (Mutualité Sociale Agricole) ;
- de certaines professions réglementées (experts-comptables, médecins, avocats, agents immobiliers, etc.) ;
- des activités artistiques rémunérées en droits d’auteur (musiciens, écrivains, etc.) ;
Les activités qui nécessitant un diplôme ou une qualification professionnelle (coiffure, BTP, esthétique…), quant à elles, peuvent être exercées, mais à condition de prouver vos compétences (diplôme, certificat, expérience). Si vous comptez exercer une activité artisanale réglementée, vous devrez fournir une preuve de qualification lors de l’immatriculation (CAP, BEP, expérience professionnelle équivalente…).
Le cumul d’activités est possible, mais attention ! Un fonctionnaire ne peut créer une micro-entreprise que sous certaines conditions (demande d’autorisation ou de temps partiel). Si vous êtes demandeur d’emploi, étudiant ou retraité, le cumul est souvent autorisé, mais il faut se renseigner sur l’impact sur vos droits ou allocations (Pôle emploi, CAF, retraite…).
Le régime micro-entreprise est-il vraiment le bon choix pour vous ?
Le statut d’auto-entrepreneur est généralement présenté comme la solution la plus simple pour se lancer rapidement. Et dans bien des cas, c’est vrai ! Mais avant de se lancer, il est utile de se poser une question : est-ce le régime le plus adapté à votre situation, vos objectifs et votre activité ?
La micro-entreprise séduit par sa simplicité administrative et sa souplesse de gestion :
- pas de capital social à déposer ;
- immatriculation rapide, gratuite ou peu coûteuse ;
- charges sociales calculées en pourcentage du chiffre d’affaires, sans minimum ;
- pas de bilan comptable obligatoire ;
- un fonctionnement idéal pour tester une activité ou se lancer seul.
Mais attention, ce n’est pas un statut magique. En effet, le régime de la micro-entreprise a aussi ses limites, qu’il faut bien connaître avant de s’engager :
- plafond de chiffre d’affaires limité, selon l’activité ;
- pas de récupération de TVA (si franchise en base) ;
- pas de déduction de charges réelles (loyer, matériel, achats, etc.) ;
- responsabilité illimitée sur vos biens personnels (sauf option pour le statut d’entrepreneur individuel avec patrimoine protégé).
Si vous prévoyez de faire des investissements importants ou de dépasser rapidement les seuils, un autre statut (EURL, SASU…) peut être plus adapté.
Quelle différence entre micro-entreprise et entreprise individuelle (EI) ?
C’est une question fréquente. Mais il faut savoir que la micro-entreprise n’est pas une forme juridique, c’est un régime simplifié applicable à l’entreprise individuelle. En d’autres termes, juridiquement, vous êtes entrepreneur individuel. Sur le plan fiscal et social, vous relevez du régime micro-social et micro-fiscal.
Vous ne créez donc pas une société, mais vous agissez en votre nom propre. Depuis la réforme de 2022, votre patrimoine personnel est protégé automatiquement, sauf en cas de fraude ou de mauvaise gestion.
Et si vous changez d’avis ? Si votre activité se développe, vous pouvez sortir du régime micro en dépassant les seuils, changer de régime fiscal (réel simplifié) ou transformer votre entreprise en société (EURL, SASU, etc.).
Les formalités à préparer avant la création de sa micro-entreprise
Aujourd’hui, on peut créer facilement sa micro-entreprise en quelques clics… à condition d’avoir tout bien préparé en amont.
Bien définir son activité (et son code APE)
Pour commencer, vous devez prendre le temps de bien formuler votre activité. En effet, ce que vous indiquez lors de la déclaration déterminera :
- le code APE (code d’activité principale) attribué par l’INSEE ;
- l’organisme qui gèrera votre dossier (URSSAF, CMA, CCI, etc.) ;
- vos obligations réglementaires (qualifications, assurance…).
Pour cela, il faut éviter les intitulés trop vagues comme “consultant” ou “services divers”. Soyez précis et utilisez des termes clairs (ex. : “conseil en stratégie digitale”, “création de sites internet”, “réparation de vélos à domicile”…).
Préparer les pièces justificatives nécessaires
Pour gagner du temps, ayez sous la main les documents suivants :
- une pièce d’identité en cours de validité (scan ou photo lisible, recto verso) ;
- un justificatif de domicile de moins de 3 mois (facture d’énergie, téléphone, quittance de loyer…) ;
- une déclaration sur l’honneur de non-condamnation (document type souvent intégré dans le formulaire).
Si vous exercez une activité réglementée, il faut prévoir : une copie de votre diplôme, certificat de qualification ou preuve d’expérience professionnelle.
Faire sa déclaration en ligne : où et comment ?
Depuis 2023, tout passe par le Guichet unique en ligne sur le site officiel www.procedures.inpi.fr. Ce portail, géré par l’INPI, remplace les anciens sites (CFE, URSSAF, etc.). Il centralise toutes les procédures de création, de modification et de cessation d’activité.
Avant validation, sachez aussi que vous pouvez choisir un nom commercial (facultatif), si vous voulez créer une identité de marque. Pour le choix du régime fiscal, vous pouvez opter ou non pour le versement libératoire de l’impôt sur le revenu, selon votre situation. Enfin, même si une assurance professionnelle n’est pas obligatoire dans tous les cas, elle est vivement recommandée, voire imposée selon l’activité.
Après validation de votre dossier, vous recevrez :
- vos numéros SIRET et SIREN ;
- le code APE de votre activité ;
- une affiliation à l’Urssaf ou à la CMA/CCI selon votre activité.
Et vous serez officiellement en activité ! Il faut prévoir généralement un délai de 1 à 3 semaines, même si l’activité peut démarrer dès l’envoi de la déclaration.
Les seuils et obligations de votre micro‑entreprise
Le régime de la micro-entreprise est soumis à des obligations et des seuils de chiffre d’affaires précis. Ces seuils conditionnent non seulement votre maintien dans le régime, mais aussi votre assujettissement à la TVA, vos obligations comptables ou encore votre régime fiscal.
En 2025, les plafonds de chiffre d’affaires à respecter sont de :
- 188 700 €, pour la vente de marchandises / hébergement (BIC) ;
- 77 700 €, pour les prestations de services commerciales (BIC) ;
- 77 700 €, pour les prestations de services libérales (BNC).
Ces plafonds s’appliquent au chiffre d’affaires encaissé, hors taxes, sur une année civile complète. Dépasser le plafond une fois n’entraîne pas automatiquement la sortie du régime. Mais un dépassement deux années consécutives vous fera basculer vers le régime réel simplifié.
En dehors de ces seuils, il y a des limites à respecter pour bénéficier de la franchise en base de TVA. En 2025, ces seuils sont les suivants :
- 85 000 € (majoré à 93 500 €) pour la vente de biens / hébergement ;
- 37 500 € (majoré à 41 250 €) pour les prestations de services (BIC ou BNC).
Nous vous recommandons donc de mettre en place un suivi mensuel dès le début. Vous pouvez créer un tableau de bord simple (Excel) ou utiliser un outil comme MicroDesk pour suivre :
- le CA cumulé depuis le 1er janvier ;
- le seuil TVA selon l’activité ;
- le seuil micro selon votre statut.
Aides et accompagnements
Se lancer en micro-entreprise, c’est souvent un projet personnel. Mais cela ne veut pas dire que vous devez tout faire seul. Il existe plusieurs aides financières et dispositifs d’accompagnement pour vous aider à sécuriser vos premiers mois d’activité, réduire vos charges ou bénéficier de conseils personnalisés.
On peut citer entre autres :
- L’ACRE (Aide à la création ou à la reprise d’entreprise) permet aux auto-entrepreneurs de bénéficier d’une exonération partielle de charges sociales pendant leurs 12 premiers mois d’activité.
- Si vous êtes demandeur d’emploi et que vous percevez l’ARE (allocation chômage), vous pouvez demander à transformer une partie de vos droits en capital grâce à l’ARCE (Aide à la reprise ou à la création d’entreprise). On vous explique ici la différence entre ces principaux dispositifs.
En dehors de cela, plusieurs structures proposent des parcours d’accompagnement gratuits ou très accessibles pour vous accompagner dans la structuration de votre projet. On a par exemple, l’Urssaf avec son module « Mes premiers mois avec l’Urssaf ». Il y a aussi les ateliers d’aide à la création d’activité, de France Travail (ex-Pôle emploi), pour les demandeurs d’emploi.