Conduire pour Uber le matin, compléter sa journée avec Bolt, puis accepter quelques courses premium sur Wheely… Ce scénario est devenu la réalité de nombreux chauffeurs VTC. Mais est-il vraiment possible pour un auto‑entrepreneur VTC de travailler sur plusieurs plateformes ? La réponse est oui ; et c’est même l’un des atouts de ce statut. On vous fait le point dans cet article pour vous aider à mieux comprendre.
Auto-entrepreneur VTC : indépendance et absence d’exclusivité imposée
Il faut le rappeler, l’auto-entrepreneur VTC est un prestataire indépendant et non un salarié. C’est la raison pour laquelle aucune plateforme ne peut exiger d’exclusivité, ni interdire de travailler avec d’autres plateformes.
Par ailleurs, la loi dite “Lom”, d’orientation des mobilités, adoptée en 2019, a renforcé cette liberté. En effet, ce cadre consacre le droit pour tout chauffeur d’accepter ou de refuser une course sans être sanctionné. En pratique, même si certaines plateformes affichent un « taux d’acceptation » dans l’application, elles ne peuvent pas légalement vous pénaliser pour avoir choisi une autre course plus rentable ailleurs.
C’est le principe clé du modèle économique de ces plateformes. Vous êtes libre de votre organisation et de votre planning. Vous pouvez optimiser votre activité en vous inscrivant sur plusieurs services comme Uber, Bolt, Heetch, Free Now ou Wheely… Même si un service vous incite à travailler exclusivement pour lui, avec des bonus ou des commissions, cela reste votre choix et non une obligation !
La « charte sociale » des plateformes : un cadre, pas une contrainte
Depuis la loi d’orientation des mobilités, chaque plateforme VTC doit mettre en place une charte sociale, qui précise les droits et obligations des chauffeurs. Cette charte, homologuée par l’État, fixe notamment :
- les conditions de déconnexion ou de déréférencement d’un chauffeur ;
- les mécanismes d’information sur les évolutions des tarifs ;
- les garanties minimales concernant le droit à la formation ou la couverture accident.
Cependant, cette charte ne peut pas limiter la liberté d’un auto-entrepreneur VTC de travailleur pour plusieurs plateformes. Au contraire, elle vise à assurer une relation équilibrée entre l’application et les chauffeurs indépendants ; tout en maintenant un cadre clair sur la transparence des algorithmes (notamment sur l’attribution des courses).
Auto-entrepreneur VTC multi-plateformes : quels sont les avantages ?
Pour un auto‑entrepreneur VTC, s’inscrire sur plusieurs plateformes est avant tout une stratégie de rentabilité. En effet, cela vous permettra :
- De maximiser votre temps de travail. Aucune application ne garantit un flux constant de courses. Jongler entre Uber, Bolt ou Heetch permet de réduire les temps morts en choisissant, en temps réel, la plateforme qui propose le plus de demandes dans votre zone.
- D’optimiser vos revenus. Les commissions et les tarifs dynamiques varient selon les plateformes. On peut trouver par exemple des offres plus avantageuses sur une plateforme lors d’un pic de demande, pendant que d’autres offrent des primes ponctuelles.
- De diversifier la clientèle. Si certains services visent une clientèle premium, d’autres se positionnent sur des trajets urbains rapides. Un auto-entrepreneur VTC peut mixer ces canaux afin de toucher un public large et d’équilibrer ses revenus.
Vous l’aurez compris, travailler avec plusieurs plateformes offre à un auto-entrepreneur VTC une liberté commerciale proche de celle d’une petite entreprise, avec la possibilité d’adapter ses choix en temps réel.
Des limites ?
Si les bénéfices sont réels, travailler avec plusieurs applications n’est pas sans défis.
Déjà, il faut savoir que chaque plateforme suit des indicateurs comme le taux d’acceptation ou la rapidité de réponse. Bien que la Lom interdise les sanctions directes en cas de refus de courses, des « baisses de visibilité » peuvent survenir si vos performances chutent.
Bon à savoir ! En cas de suspension de compte ou de déréférencement, il est possible de contester auprès de la plateforme et, si nécessaire, d’engager une médiation ou de se tourner vers l’Inspection du travail en cas de pratiques abusives.
Ajoutons à cela que toutes les courses, qu’elles viennent d’Uber, de Bolt ou d’autres, s’additionnent dans votre chiffre d’affaires (CA) global. Il faut donc suivre précisément vos revenus mensuels pour ne pas dépasser les plafonds de CA ou les seuils de franchise en base de TVA.
De même, le fait de travailler avec plusieurs services revient à jongler entre plusieurs applis ; ce qui exige de la réactivité et une vraie discipline. Passer de l’une à l’autre en conduisant peut être source de stress et de distractions.
Un autre risque est lié à la course au prix bas. En effet, plusieurs plateformes proposent des promotions ou baissent leurs commissions pour attirer les clients ; ce qui peut tirer les tarifs vers le bas et rogner vos marges. Un auto-entrepreneur VTC qui répartit son temps sur plusieurs applications doit comparer régulièrement les grilles tarifaires, identifier les heures les plus rentables sur chaque plateforme et éviter de travailler en dessous de ses coûts réels (carburant, entretien, assurance, cotisations sociales).